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on.gifRectification - par Pascal le 11/05/2009 @ 17:48

Qui a vraiment lu George Sand, à part ses contemporains ? Qui peut faire aujourd’hui une citation de cette femme de lettres, pourtant indéniablement douée pour écrire ?

Certes, quelques pages ou même quelques romans de cette auteur ont été lus à l’école ou durant l’adolescence.
Evidemment, il est interdit de critiquer Geroge Sand. On ne critique pas une femme féministe, auteur à succès, coqueluche d’hommes célèbres, première femme à avoir gagné son divorce au nom de toutes les femmes opprimées en ayant « la garde » des enfants, dans le contexte où émergea une loi sur le divorce, pour laquelle cette militante des droits de la femme se mobilisa avec grande énergie. On ne plaisante pas avec les droits des femmes. C’est comme si, il y a cinquante ans, on se moquait des curés. C’est comme si aujourd’hui on critiquait les lobbies judiciaires et psychiatriques : la décence interdit ce type de blasphèmes.

Certains faits parlent pourtant d’elle, peut-être mieux que sa littérature.

Son plus célèbre livre « la mare au diable » se lit avec grande facilité. Les personnages ont tous une étonnante limpidité (soit ils sont dotés d’une admirable naïveté doublée d’un courage honorable, soit ils sont fourbes, mais ne le cachent nullement ). Mais il est surprenant de découvrir au-delà des claires images écrites par l’auteur, une vie personnelle bien plus complexe, troublée et occulte que son roman naïf.

Dans le roman, le vaillant laboureur est un homme parfait. Que ce soit le veuf, le père, le beau-fils dont il est question, qui pourrait faire le plus petit reproche à cet homme simple, intègre, méritant, véritable saint laïc ?

De même son épouse décédée de maladie était une femme à sa hauteur morale. Les parents de la défunte sont bons, attentionnés, avisés. Les enfants du laboureur sont bien élevés, et aiment tendrement leur famille.

Pour mieux s’occuper de ceux-ci, et aussi pour l’équilibre personnel du laboureur, ses beaux-parents lui conseillent de se remarier. Une preuve de plus de leur abnégation : ils aiment leur gendre comme s’il était leur fils…

Mais la nouvelle femme pressentie est une coquette, qui se moque des hommes, et qui trouve son plaisir à se faire courtiser, avec l’appui complaisant de son propre père…Personne ne triche, cependant : ce jeu assez pervers est assumé dans la transparence…

De son côté le gentil laboureur s’éprend avec candeur et sincérité d’une toute jeune fille, dont le courage et la pureté de sentiments n’égale que la sienne propre. Effectuant un voyage en sa compagnie, il découvre avec émerveillement (près de « la Mare au Diable ») la nature attendrissante et attrayante de la toute jeune fille, déjà femme par sa sagesse et ses préoccupations altruistes.

Hélas, la jeune fille doit aider sa pauvre mère et offrir ses services à quelque méchant propriétaire terrien, qui entend abuser d’elle comme il abuse de toutes les autres jeunes proies à sa portée.

La jeune fille au cœur pur s’enfuit, et le couple de cœurs purs va pouvoir naître.

Tout cela est écrit de façon réellement charmante. On est frappé par la facilité d’écriture, par la profusion des anecdotes sur la vie dure et simple des paysans, par la touchante façon de décrire, avec une plume méticuleusement naïve ou enfantine, la vie de pauvres gens, dont l’humble condition et l’absence d’instruction  ne doivent pas faire oublier la noblesse des sentiments (ce qui diffère du regard plus social de Zola ou Hugo sur la société).

Cependant, confronter la simplicité de ce roman, où les gens sont bons ou méchants sans malice, avec la vie réelle de George Sand revient à jeter un énorme pavé dans la mare au diable.

Dès le début de ce roman, elle griffe jusqu’au sang la profession de juriste, qui parasite les petites gens en leur soutirant le peu d’argent qu’ils ont.

Mais pourtant, elle sera la maîtresse de son avocat, dans son divorce qu’elle va comme on le sait « gagner ».

Les personnages magnifiques de son roman se portent mutuellement secours et assistance chaque fois qu’ils sont dans la peine, et quelle qu’elle soit.

Or Sand quittera Musset quand il tombe malade, et deviendra la maîtresse du médecin de son amant. Puis leur relation deviendra extrêmement compliquée, jusqu’à leur rupture.

Elle quittera également Chopin qui , certes, « toussait divinement », mais trop à son goût. Elle croisera le plus célèbre de ses amants juste avant son décès, et l’on rapporte qu’à la question « comment allez-vous ? », il répondit par un seul mot : « mieux ».

Dans le roman, c’est avec une très grande naïveté que la jeune fille s’occupe du petit dernier du fin laboureur, un véritable mignonnet qui déclare à qui veut l’entendre qu’il a choisi cette jeune fille pour être sa « petite mère ».

Mais dans sa vraie vie, George Sand s’est battue pour posséder ses enfants et l’argent des pensions, humilier leur père, s’est faite l’amie d’un sénateur (Naquet) qui judiciarisa le divorce (puisque le mariage est une « barbarie commise contre les femmes », allant jusqu’à parapher le texte de loi qu’il fit promulguer, demanda à Chopin de s’occuper des enfants d’un autre (pas décédé du tout, au contraire de ce qui se passe dans le joli roman), et fut très jalouse de voir que Frédéric Chopin était finalement très apprécié, et même trop à son goût,  par ses enfants (ce qui entraîna des disputes dites elles aussi « compliquées »).

La confrontation entre un roman et la vie de l’auteur laisse apparaître une belle illustration de ce que l’on appelle fréquemment la perversité ingénue. Quoi de plus mignon que d’écrire pour des enfants de belles histoires où les gentils sont toujours admirablement gentils, où les méchants sont normalement méchants ?
Et quoi de plus révélateur que de vivre une vie de luxe, depuis la naissance, en travestissant ses propres trahisons, mépris  et lâchetés sous la bannière de l’égalité sexuelle ?

Fumer le cigare n’est pas plus intelligent au féminin qu’au masculin. Détruire une destinée, même par les voies légales, n’est pas plus respectable quand on est femme que lorsqu’on naît homme. Etre attiré par ce qui brille n’a jamais été une vertu. Porter le pantalon ne permet pas de faire des forfaitures comme un homme en fait ou pourrait en faire. De même que porter jupon ne devrait pas permettre d’excuser les forfaitures féminines.

Pour commettre les leurs, qu’elles auraient tant voulu éviter, les ingénues perverses ne s’abritent elles pas souvent avec une « candeur de mare au diable », derrière le droit, ou derrière les vilenies prétendues ou avérées des autres, qui ne leur laisseraient pas le choix?


 
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